Pierre AYOTPermis de restauration Sciences de la gestion [R] |
Rares ceux qui passent dans ce corridor et qui remarquent cette uvre qui orne un plafond relativement bas. Avec son humour habituel, Ayot transpose et rend hommage à l'art de peindre. Les plafonds habituellement très hauts frôlent ici la tête des spectateurs. Sans recul, ils arrivent mal à voir les objets et les nombreux détails. Un peu comme l'humain qui oublie son histoire, ou le peintre ses racines, au cours du passage des ans qui nécessitent obligatoirement, un jour ou l'autre, un « permis de restauration » afin de mieux revoir et comprendre les uvres anciennes qui se dérobent à l'interprétation. Dans cet hommage à l'art de la peinture murale, Ayot évoque en trompe-l'il tout autant les outils de l'artiste, ses échelles et balançoires, que de véritables uvres peintes sur un vrai plafond d'église peut-être pas si loin que l'on pense, soit à la Chapelle Notre-Dame de Lourdes sur le campus...
Pierre Ayot et la question du trompe-l'oeil dans les oeuvres intégrées à l'architecture
par Jocelyne LUPIEN Depuis de nombreuses années je regarde avec une fascination sans cesse renouvelée les oeuvres de Pierre Ayot. Je l'ai vu concevoir et manipuler ses maquettes et ses icônes aux références québécoises.
À l'aube des années quatre-vingt, cette iconographie se fera très italienne dans un émouvant hommage à l'Italie, une ode amoureuse à l'art ancien, celui de la statuaire antique et ses éphèbes aux cheveux bouclés, celui de l'architecture renaissante, celui des jardins et celui du trompe-l'oeil qui a tant à voir avec l'Italie du nord où Pierre Ayot avait, comme par hasard (!), élu domicile.
Si Pierre Ayot avait vécu au XVIe ou au XVIIe siècle, tout comme Véronèse et Pozzo, il aurait été maître dans l'art de peindre des trompe-l'oeil sur les coupoles des cathédrales et les plafonds des villa italiennes. Je l'imagine, entouré de ses élèves/apprentis, juché au faîte d'un échafaudage, en train d'appliquer à fresque ses couleurs. Couvert de poussière de plâtre, il travaille, tout en ricanant doucement de la surprise, du plaisir, et même de la stupeur des fidèles qui, venus prier en troupeau, lèveront la tête et croiront, à cause de l'effet trompe-l'oeil, que le dôme s'écroule réellement sur eux... Tout à fait Pierre Ayot ça!
C'est ce qu'il devait penser en réalisant en 1994 ces trompe-l'oeil pour l'Université du Québec à Montréal que l'on peut voir lorsqu'on emprunte les corridors du pavillon des Sciences de la gestion (le corridor de "l'excellence" comme les étudiants d'histoire de l'art le nomment ironiquement...). Souvent je m'arrête pour regarder ces plafonds et observer par la même occasion l'attitude incrédule et amusée des étudiants en leur présence.
Intelligent et plastiquement très achevé, cet ensemble d'oeuvres crée la parfaite illusion d'un chantier de restauration d'église. Pas n'importe qu'elle église: il s'agit de la Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes (1881), oeuvre maîtresse de l'architecte et artiste Napoléon Bourassa. Situé rue Ste-Catherine, face au pavillon Judith-Jasmin de l'UQÀM où Ayot enseignait entre 1969 et 1995, ce joyau d'architecture et d'art ornemental de style romano-byzantin témoigne de la splendeur de l'ancien quartier latin montréalais dont plusieurs édifices sont maintenant disparus.
Pierre Ayot avait redécouvert cette église devant laquelle, avouons-le, nous passons souvent sans nous arrêter. Ces lieux et ces édifices jalonnant les rues que nous empruntons et que nous regardons sans vraiment les voir. Ces églises, ces chantiers dans la ville, Ayot lui les scrutait avec cet autre regard dont il avait le secret, qu'il entretenait. Ses oeuvres communiquent intensément cette autre vision du monde, étonnée et attentive, qui était la sienne.
Titre |
Permis de restauration |
Artiste ou artisan |
Ayot, Pierre |
Nom de l'objet |
installation |
Type de l'objet |
photographique polyptyque in situ |
Catégorie de l'objet |
Beaux-arts |
Sous-catégorie de l'objet |
Installation |
Matériaux |
encre acrylique bois épreuve couleur néon céramique métal |
Technique de fabrication |
photographié sérigraphié assemblé peint collé cloué |
Numéro d'accession |
1994.106.1-6 |
Établissement |
Galerie de l'UQAM |
Ville de l'établissement |
Montréal |
Province de l'établissement |
Québec |
Province d'origine |
Québec |
Pays d'origine |
Canada |
Date de fin de production |
1994 |
Hauteur |
1000,00 |
Largeur |
2400,00 |
Unité de mesure linéaire |
cm |
Nombre d'objets |
1 |
Nombre de parties composantes |
6 |
Nom des parties composantes |
photographie (6) |
Sujet ou image |
objet architecture |
Description |
Intégration des arts à l'architecture et à l'environnement; Pavillon des sciences de la gestion, UQAM |
« Une uvre de Pierre Ayot située dans le couloir du niveau métro se compose principalement de panneaux d'acrylique transparent imbriqués dans des structures quadrillées de métal. Les fausses ouvertures, éclairées par des tubes fluorescents, donnent l'illusion de puits de lumière. » Source